Faut-il faire confiance aux médias « vérificateurs » d’informations sur Facebook ?

1) La « chasse » durant les élections européennes

« Les Décodeurs » du journal Le Monde, « CheckNews » de Libération, « Les Observateurs » de France 24, l’AFP (Agence France-Presse) et le journal 20 Minutes. Voici les cinq médias « vérificateurs » de Facebook, recrutés afin de faire « la chasse à la désinformation […] en particulier pendant les européennes » comme l’explique le réseau social ce mardi 23 avril 2019. Un mois avant le vote des Français aux élections européennes, ces médias déclarés « indépendants » par le site ont désormais toute latitude afin d’y limiter la diffusion prétendue de « Fake News ».

Concrètement, ils sont libres d’examiner ce qui est diffusé sur Facebook et d’en évaluer, selon leurs propres critères, « l’exactitude ». S’ils jugent un contenu « mensonger », celui-ci est automatiquement relégué en bas du fil d’actualité et donc vu par « beaucoup moins de personnes » précise le réseau social. Autre conséquence : les pages et les sites internet jugés par ces médias comme diffusant régulièrement des « fausses informations » subissent désormais des « restrictions » : réduction de leur diffusion, perte de leur capacité à générer des revenus…

Voilà où nous en sommes en 2019 : des médias politiquement corrects, gavés de subventions publiques et rejetés massivement par les Français – 23% seulement font confiance aux médias (sondage Cevipof, janvier 2019) – se voient accorder le pouvoir de censurer et de détruire économiquement ceux dont ils estiment l’information « fausse ». D’affaiblir leurs concurrents. Et ce n’est pas tout : ces médias sont libres d’afficher leurs propres articles « juste en dessous » de ceux qu’ils auront ciblés. Il ne s’agit pas seulement de « vérification », mais de remplacement. Imposer de force, sur des publications qui font de l’audience, des articles que le public n’a jamais demandé.

2) Des questionnements transformés en « complotisme »

Cette situation est extrêmement grave pour nos libertés. Incapable de répondre à l’émergence d’internet en publiant des informations moins biaisées, plus honnêtes et de meilleure qualité, les médias politiquement corrects s’arrogent une autorité sur un réseau social, Facebook, qui compte 35 millions d’utilisateurs actifs en France et 2,3 milliards dans le monde en 2019. De quel droit se croient-ils au dessus de la mêlée ? Qui contrôle ce qu’ils font ? Qui pourra à son tour vérifier ces « vérificateurs » ? L’objectivité journalistique n’existant pas, le traitement de l’information est par nature partisan. Et ces médias n’échappent absolument pas à la règle.

Le soir de l’incendie de Notre-Dame de Paris, le site de revue de presse Fdesouche reprend une information de David Pujadas sur LCI concernant « deux foyers » de flammes au sein de la cathédrale. Il est rapidement interpellé par Adrien Sénécat des « Décodeurs » du Monde qui cherche à y voir une « fausse information ». Mais l’extrait existe bel et bien, mot pour mot. Le responsable des « Décodeurs », Samuel Laurent, continue de parler d’ « intox » sur France 5 et prétend que Fdesouche aurait « supprimé son tweet » originel. Ce qui est faux. Puis il prétend que l’homme politique Jean Messiha, ayant repris l’information, serait « euro-député » – remarque peu innocente à quelques semaines des élections européennes. Ce qui est tout aussi faux. Et quand Fdesouche finit par demander à « Check News » de Libération un vrai travail de « vérification » pour dire qui des deux a raison, c’est silence radio…

3) Un entre-soi idéologique parmi les journalistes

Tout se passe comme si ces médias se soutenaient les uns les autres dans un combat politique. Quand Facebook les qualifie d’ « indépendants », il faut se demander, comme toujours, « indépendants de quoi ? ». Vivent-ils uniquement du soutien de leurs lecteurs ? Évidemment non. En plus de la concentration des principaux médias dans quelques mains et du rôle des subventions publiques qui les font vivre, il faut rappeler, par exemple, qu’un média comme « Check News » de Libération a reçu 50 000 dollars de l’International Fact-Checking Network (IFCN) de l’Institut Poynter en 2018. Cet institut est co-financé par le milliardaire George Soros, militant pro-immigration et anti-frontières depuis des décennies. Le parti-pris politique est en parfaite adéquation avec les journalistes de gauche en France.

En vérité, les choix de Facebook révèlent un entre-soi idéologique. L’AFP, principale source d’informations des médias, est composée de journalistes dont le tropisme de gauche affleure régulièrement, dans l’ordre des sujets traités et le choix des mots composant les dépêches. En 2019, Jair Bolsonaro, élu président du Brésil, est froidement qualifié d’« extrême droite ». Mais quand le socialiste Nicolas Maduro, soutenu par Jean-Luc Mélenchon, est élu président au Venezuela en 2013, l’AFP s’étend en évoquant « un climat apaisé ». Cinq ans plus tard, le Venezuela est au bord de la guerre civile.

En France, l’AFP est même condamnée pour diffamation en 2017, contre le Front National, dans le scandale des Panama Papers. Le journal 20 Minutes, autre « vérificateur » de Facebook, est lui aussi condamné pour diffamation dans la même affaire. Source des deux médias ? Le Monde. Ou l’information qui tourne en rond…

4) Un parti-pris récurrent sur l’immigration et l’islam

L’implication de ces médias dans le combat politique se fait toujours plus flagrante à l’approche d’échéances électorales. En 2009, pendant la campagne des européennes, la journaliste de France 24, Caroline de Camaret (@CarodeCamaret), traite sans hésiter et sans contradiction de « xénophobie » le parti politique néerlandais de Geert Wilders. Entre les répétitions du mot « xénophobe », l’évocation de l’assassinat de personnalités opposées à l’immigration paraît alors presque anodine… « Les Observateurs » de France 24 peuvent désormais contrôler l’information sur Facebook.

Les sujets d’immigration et d’islam sont probablement ceux où la part d’idéologie est la plus forte parmi les médias politiquement corrects. Jusqu’à l’auto-censure, ce qui laisse imaginer leur traitement des informations sur Facebook. En 2018, Le Monde publie une enquête révélant un « effet islam » dans « l’adhésion de certains jeunes aux idées radicales ». Mais le titre de l’article est modifié, passant en quelques heures de « L’inquiétante radicalité des jeunes musulmans » à « L’inquiétante radicalité d’une minorité de jeunes »… Le terme « musulman » disparaît, comme pour éviter d’être associé à la « radicalité » aux yeux du grand public. D’autres n’ont pas droit à ce genre de « pudeur ». Patrick Jardin, dont la fille a été assassinée dans l’attentat islamique du Bataclan en 2015, est qualifié de « père sur le chemin de la haine » par Le Monde. Motif : il ne pardonne pas aux terroristes et refuse que le rappeur islamique Medine fasse un concert sur le « lieu martyr » du Bataclan.

5) « Éduquer » plutôt qu’informer ?

L’attaque frontale du Monde contre Patrick Jardin met à bas toute idée de « modération » du journal. Il s’agit bien plutôt d’imposer une vision du monde. L’écrivain Olivier Maulin confie ainsi sur les journalistes que « leur coeur de métier n’est plus d’informer mais de faire de la pédagogie. Ils veulent expliquer aux gens qu’ils n’ont pas bien compris et qu’ils trouveront ça bien quand ils auront compris ». Considérer les lecteurs comme des enfants à éduquer, soit l’inverse de la démarche d’un média comme Damoclès. Cette vanité se retourne à présent contre les médias politiquement corrects, dont le double discours militant apparaît au plus grand nombre grâce aux archives sur internet et aux partages sur les réseaux sociaux.

Quand deux têtes de cochons sont découvertes devant la mosquée de Montauban en 2012, Le Monde titre sans difficulté sur une « profanation». Mais quand Marine Le Pen utilise le mot « profaner» pour dénoncer l’invasion de la basilique Saint-Denis par des « migrants » en 2018, là, les « Décodeurs » interviennent : le mot « profaner » n’aurait « aucune existence légale en France » selon eux…Ce qui est faux puisque le délit de profanation est puni d’un an d’emprisonnement et de 15 000 euros d’amende. Alors qu’ils n’ont jamais remis en cause la publication de leur propre journal, les « Décodeurs » se précipitent sur un adversaire politique et doivent finalement corriger leur erreur. L’objectif militant de ces « vérificateurs d’informations » efface toute cohérence intellectuelle, jusqu’à publier de fausses informations. Et c’est ce genre de médias qui a désormais le droit de décréter, en pleine période électorale, si une publication est vraie ou fausse sur Facebook…

6) Un impact non réversible sur le réel

Le pouvoir de censure des médias « vérificateurs » s’applique aussi à ce qu’ils qualifient d’ « intox », c’est-à-dire un propos qu’il n’est pas immédiatement possible d’infirmer ni de confirmer. Fin 2012, des opposants au mariage gay s’inquiètent d’un futur remplacement des termes « père » et « mère » par « parent A » et « parent B » dans les papiers officiels. Immédiatement, Libération et Laurent Joffrin parlent d’un « délire total » d’une « droite qui part en live ». Le Monde évoque un argument qui n’aurait « aucune réalité ». Six ans plus tard, sous le gouvernement Macron, les mentions « père et mère » sont remplacées par « parent 1 » et « parent 2 » dans les formulaires scolaires.

« Check News » de Libération avoue désormais des formulations « caricaturales » contre les opposants au mariage gay. Cela ne lui coûte rien, à présent que la loi est passée. C’est là tout le problème avec leur nouveau rôle sur Facebook : en pleine période électorale, ces médias « vérificateurs » décrètent en toute impunité ce qui est vrai, ce qui est faux. Peu importe qu’ils fassent des erreurs et s’en excusent plus tard, l’effet sur la diffusion d’informations n’est pas réversible. Le public aura été influencé, le vote aura eu lieu, les élections seront passées. Ce que les médias politiquement corrects reprochent aujourd’hui aux prétendus « Fake News » s’applique parfaitement à eux-mêmes.

Après que plusieurs journalistes ont laissé entendre pendant dix jours que ceux qui doutent de l’incendie de Notre-Dame seraient des « complotistes », les médias politiquement corrects tentent désormais de faire croire à une modération de leur part sur le sujet. Le Monde affirme maintenant que « la piste de l’accident n’a rien d’invraisemblable »… Mais il suffit de se rappeler des propos moqueurs de Samuel Laurent, responsable des  « Décodeurs », à l’égard de ceux qui doutent de l’accident : « Après tout, si je pense que c’est un laser dirigé par des nazis de la face cachée de la lune qui a mis le feu à Notre-Dame, c’est mon droit de le dire, non ? ». Ce n’est que lorsque le plus fort de l’émotion est passé, lorsque le risque de révolte populaire est éteint, que la mauvaise foi prend des allures de recherche de la vérité.

Quelle que soit son opinion politique, tout défenseur honnête de la liberté devrait s’alarmer de la situation. Pour l’état du journalisme en France et celui de notre démocratie. Il n’est pas normal que des médias, dont la plupart ont déjà été confondus pour leurs erreurs ou leur militantisme, déterminent ce qui est vrai et faux. Plus les Français seront au courant de ce contrôle de l’information, plus ils se révolteront contre une insulte faite à leur libre-arbitre.


7) Les effectifs des cinq médias « vérificateurs »

L’équipe des « Décodeurs » du Monde : le responsable Samuel Laurent (@samuellaurent), passé par Le Figaro ; Jonathan Parienté (@j_pariente), passé par le Courrier International ; Jérémie Baruch (@jeremie_baruch) ; Pierre Breteau (@pierrebrt), passé par Radio France ; Gary Dagorn (@garydagorn), passé par Ouest-France et France 3 ; Mathilde Damgé (@dathilde), passée par La Croix et l’AFP ; Anne-Aël Durand(@anneaeldurand), passée par Metro ; Maxime Ferrer ; Adrien Sénécat (@AdrienSnk), passé par L’Express et BuzzFeed News ; Maxime Vaudano (@mvaudano).

L’équipe « Check News » de Libération : Cédric Mathiot, chef de service (@CheckNewsfr) ; Luc Peillon (@l_peillon), passé par Le Monde ; Pauline Moullot (@paulinemoullot), passée par Slate ; Jacques Pezet (@Jacques_Pezet), passé par Rue89, ARTE et l’AFP ; Robin Andraca (@RobinAndraca), passé par Arrêt sur Images ; Emma Donada (@emmadonada), passée par La Croix, La Voix du Nord, France 24 et Le Bondy Blog ; Fabien Leboucq (@LeboucqF), passé par La Provence, Radio France et RFI.

L’équipe « Factuel » de l’AFP : Guillaume Daudin (@GuillaumeDaudin), le responsable ; Grégoire Lemarchand (@greglemarchand), passé par la Commission européenne et Sciences Po ; Rémi Banet (@RemiBanet), passé par Libération ; Sami Acef (@ACEFSami), passé par La Libre.

L’équipe  « Fake Off » de 20 Minutes : Mathilde Cousin (@CousinMathilde), passée par Ouest-France, La Voix du Nord et Le Figaro ; Anne Kerloc’h (@MissAnneK), passée par Editoile, Agefi Suisse, et Bayard Presse ; Alexis Orsini (@AlexisOrsini09), passé par L’Obs, Le Monde et Numerama.

L’équipe des « Observateurs » de France 24 : Derek Thomson (@derekthomson), rédacteur en chef, passé par ABC News et Reuters ; Alexandre Capron (@alexcapron), présentateur, passé par Le Petit Journal ; Corentin Bainier (@cbainier), passé par RFI et Prisma Media ; Gaelle Faure (@gjfaure), passée par The Guardian, l’Associated Press (AP), Time Magazine et Global Investigative Journalism Network (GIJN) ; Djamel Belayachi (@DjamelBelayachi) ; Ershad Alijani (@ErshadAlijani), passé par RFI, BBC Persan et France 5 ; Chloé Lauvergnier (@clauvergnier), passée par Reporters sans frontières ; Maëva Poulet (@maevaplt), passée par Le Télégramme, l’AFP et Infomigrants ; Catherine Bennett (@cfbennett2), passée The Observer, The Times, Financial Times, Le Monde, Reuters, l’AFP et EuroparlTV ; Liselotte Mas (@liselottemas), passée par Citizenside, Le Soir, l’AFP et RTL ; Sarra Grira (@SarraGrira).

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